MUSIQUE - Après plus de 50 ans de froid diplomatique, Barack Obama a tourné une page historique le 20 mars dernier, en se rendant à Cuba pour sceller le rapprochement avec les États-Unis. Ce réchauffement des relations entre les deux pays annonce un autre événement mémorable, à savoir le concert des Rolling Stones, qui se tient ce 25 mars à la Havane.
Mais aussi historique et important soit-il, le concert du groupe de rock anglais n'est pas le premier événement musical tout droit venu des puissances capitalistes qu’accueille Cuba.
Les Rolling Stones se sont fait couper l'herbe sous le pied le 6 mars dernier par Major Lazer, le collectif américain du producteur Diplo.
Le collectif électro à qui l'on doit le tube "Lean On" a fêté le dégel comme il se doit en se produisant à la Havane, tout près de l'ambassade américaine. Un concert qui a réuni pas moins de 400.000 spectateurs venus pour danser sur les morceaux electro-dancehall d'un album au titre qui tombe à pic: "Peace is the mission".
"Aussi longtemps que je me souvienne, Cuba a beaucoup influencé mon amour pour la musique. Cuba a un impact culturel puissant partout dans le monde, et surtout pour moi car j'ai grandi en Floride", a confié l'artiste Diplo dans un communiqué de presse annonçant la performance.
Le groupe a été surpris de l'accueil reversé par la jeunesse cubaine, qui malgré l'embargo, connaissait très bien les chansons qui font danser le monde entier depuis plusieurs années. Ce concert gratuit, le DJ Diplo le considère comme le plus important de sa vie, rapporte le New York Times. Le producteur s'amuse également du show que donnent les Rolling Stones: "ils sont Anglais, ils auraient pu se produire ici depuis des années".
Audioslave en 2005
Mais même avant Diplo, certains ont réussi à braver la guerre froide qui perdurait entre Cuba et les États-Unis. En 2005, le groupe de rock américain Audioslave a donné un live devant plus de 70.000 personnes dans la capitale cubaine. Le bord politique du groupe, très socialiste, n'est certainement pas anodin quant à sa permission de se produire à la Havane. Mais cet événement est tout de même à marquer d'une pierre blanche pour les deux pays à cette période d'embargo économique, et quand on connaît l'aversion de Fidel Castro pour le rock.
Si l'on remonte encore un peu plus loin dans le temps, un festival assez méconnu, nommé le Havana Jam, a eu lieu en 1979. Quelques artistes américains étaient de la partie comme le chanteur Stephen Stills ou encore le pianiste, chanteur, compositeur, Billy Joel. Bien qu'assez secret, cet événement musical, à l'initiative de la maison de disque Columbia Records, fut possible en cette époque d'apaisement diplomatique entre les États-Unis et Cuba, qui souhaitaient en 1977 normaliser leurs relations.
Le son de l'impérialisme
Bien qu'il n'y a jamais eu de décret interdisant explicitement le rock, cette musique "impérialiste" a longtemps été bannie par le régime de Fidel Castro. Cette musique incarnait selon lui le capitalisme et l'impérialisme.
A cette époque, les Cubains se rappellent qu'ils devaient écouter les Beatles ou les Rolling Stones dans l'intimité des appartements à partir de cassettes qui circulaient sous le manteau.
Vers le milieu des années 1980, ce genre musical a progressivement été toléré jusqu'à s'imposer dans les médias d'Etat au cours de la dernière décennie. Mais cette quasi interdiction explique pourquoi le concert des Rolling Stones à Cuba est aussi historique et symbolique.
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